
Qui était Guy Debord ?
Un des derniers révolutionnaires du xx‘ siècle, et un des seuls parmi ceux qui ont pensé et écrit au cours des décennies passées à avoir refusé passionnément la société de son temps, et en connaissance de cause. Il l’a décrite telle qu’elle était, plutôt laide, et il l’a vue ainsi parce qu’il la refusait, en impitoyable moraliste d’un temps auquel il aura fait perdre de son innocence, de sa bonne conscience et de ses illusions. Tributaires de Hegel, du jeune Marx et de quelques-uns de ses commentateurs les plus aigus, ses analyses de la « société du spectacle » – un terme qu’on lui doit, mais que l’on reprend souvent superficiellement – se sont imposées. Elles ont quelque chose d’irréfutable et rétrospectivement même de prophétique,
Mais Guy Debord ne s’est pas contenté d’être un théoricien. Homme d’action, il a réinventé l’avant-garde de son temps (avec notamment l’Internationale situationniste), puis a été un des seuls à avoir su préserver, lorsque l’horizon révolutionnaire s’est estompé, une liberté qu’il a toujours voulue absolue et sur laquelle il n’a jamais transigé.
De cette liberté il a fait un combat et son œuvre, il l’a sans cesse remise en jeu dans ses actes, ses écrits et ses films. Il a été un exemple, ou plus exactement un contre-exemple. À une époque éprise de résignation et de compromis, il a montré qu’il était possible de penser et d’agir autrement, quitte à la défier, quitte à entretenir avec elle des relations systématiquement conflictuelles.
Contact : Antoine Martin – antoine.martin@sanchoetcompagnie.fr – 06 08 63 36 66